Posté le : mercredi 23 octobre 10:10

Au vu des chiffres dévoilés dans le document de concertation, je me demande s’il est vraiment raisonnable d’affecter l’équivalent de la quasi-totalité de l’électricité produite par le parc éolien de Fécamp (déjà insuffisant), à la production d’hydrogène qui serait principalement utilisé… pour raffiner du pétrole.
Par ailleurs, je m’interroge sur le rapport entre la chaleur dissipée par les « tours de refroidissement » (au lieu d’être valorisée) et l’énergie électrique consommée, bref sur le rendement énergétique du process. Merci de me préciser ce point.
Enfin, la comparaison de la production « fatale » d’oxygène avec celle d’une forêt me paraît peu pertinente, dans la mesure où les arbres piègent simultanément du carbone, ce qui n’est pas le cas de cette installation. Cela signifie, à mon sens, qu’il serait indispensable de valoriser l’oxygène produit (par exemple pour améliorer des processus de combustion industriels) plutôt que de le rejeter à l’atmosphère, qui n’en manque pas. Pour rappel, Air Liquide produit, sur la Z.I. du Havre, de l’oxygène en quantités industrielles par des procédés cryogéniques, eux-mêmes gros consommateurs d’électricité… Il y a donc un besoin.

Notre réponse :

Nous vous remercions pour votre intérêt pour le projet et pour votre participation à la concertation.

L’inscription dans la transition énergétique

Aujourd’hui, l’industrie représente 99% de la consommation d’hydrogène en France. Or l’hydrogène utilisé, produit à partir d’hydrocarbures, dégage environ 10 tonnes de CO2 pour chaque tonne d’hydrogène produite. Cela représente donc entre 9 et 10 millions de tonnes de CO2 émis par an. Passer une partie de cette consommation en hydrogène vert permet donc aux industries locales d’améliorer leur bilan carbone en réduisant leurs émissions de CO2. C’est une première étape dans la transition énergétique.

L’origine de l’électricité

H2V s’est engagé à acheter, auprès de fournisseurs, une électricité 100% renouvelable via le mécanisme des garanties d’origine. Cette électricité pourra être produite à différents endroits en France ou en Europe et injectée sur le réseau RTE. En juin 2019, la capacité de production des énergies renouvelables en France était de 52 225 MW, toutes énergies confondues (éolien, solaire, hydraulique, bioénergies)[1]. La production renouvelable a couvert 21% de la consommation entre juin 2018 et juin 2019, soit 99,7 TWh (soit 99.7 millions de MWh)[2].

La valorisation de la chaleur et de l’oxygène

La chaleur du circuit de refroidissement n’excède pas 50°C, ce qui rend sa valorisation difficile (insuffisant pour les réseaux de chaleur par exemple). Le rendement de l’électrolyse de l’eau est d’environ 70%. Ce qui implique environ 30MW de pertes thermiques pour chaque unité de production consommant en moyenne 100MW. La valorisation de la chaleur continue à être étudiée par H2V qui participe au groupe de travail pour la valorisation de la chaleur fatale.

La valorisation de l’oxygène est à l’étude : des discussions ont été engagées avec des industriels intéressés. Pour l’instant l’oxygène serait rejeté directement dans l’atmosphère par des évents mais H2V est prêt à étudier toute option de valorisation de cet oxygène dans l’économie circulaire (industrie, aquaculture…) et note votre contribution sur la Z.I. du Havre.

[1] Panorama de l’électricité renouvelable au 30 juin 2019, page 7

[2] Ibid, page 8